A l’heure où le Maghreb et le Machrek sont en pleine tourmente révolutionnaire, l’attentat d’hier à Marrakech sonne comme un anachronisme. Il n’est pourtant pas si loin le temps des attentats spectaculaires menés par des émules d’Al-Qaeda. Le Maroc a connu, de 2003 à 2007, une vague d’attentats kamikazes qui a ébranlé le royaume. L’attentat d’hier semble renouer avec cette période sombre. Plusieurs éléments désignent en effet la cible jihadiste. Le lieu d’abord, symbolique et renommé : le café Argana est le plus connu de la place Jamaâ el-Fna, elle-même la plus connue de Marrakech, la ville la plus touristique du royaume chérifien. Les victimes ensuite : l’Argana est connu pour être très fréquenté par les touristes et résidents étrangers. La cible et le mode opératoire font penser aux attaques menées au milieu de la décennie.
Salafistes. La plus spectaculaire remonte au 16 mai 2003, lorsque cinq attentats quasi-simultanés avaient été commis contre des restaurants, des hôtels et un cimetière juif. L'année suivante, plusieurs Marocains participaient aux attentats visant la gare d'Atocha, à Madrid (191 morts). Enfin en 2007, une série d'attaques avaient eu lieu à Casablanca : dans un cybercafé, dans un appartement lors d'un raid policier et devant le consulat américain. A chaque fois, les auteurs venaient des nombreux bidonvilles entourant la capitale économique. Les groupuscules salafistes prospèrent dans cet environnement informel et abandonné par les institut