Le terrorisme a resurgi hier à Marrakech. Sur cette miraculeuse place Jamaâ el-Fna, venue d'un autre temps que l'écrivain Juan Goytisolo décrivait dans le Monde diplomatique comme un «univers de fripiers et de porteurs d'eau, d'artisans et de gueux, de maquignons et de voyous, de filous aux mains soyeuses, de simples d'esprit, de femmes de petite vertu, de forts en gueule, de garnements, de débrouillards, de charlatans, de cartomanciens, de tartufes, de docteurs à la science infuse». Tout un monde inscrit par l'Unesco au patrimoine immatériel de l'humanité, où une bombe a donc explosé. Comme le tragique souvenir d'une époque que le printemps arabe semblait avoir congédiée. Car depuis des mois que ces peuples se battent, ils ne se sont pas seulement débarrassés d'autocrates vieillissants. Ils n'ont pas simplement arraché des réformes aux régimes encore en place. Dans le même mouvement, ils ont également disqualifié les groupes terroristes, les apôtres de la violence aveugle qui prospèrent sur le terreau des dictatures et revendiquent le monopole de l'opposition radicale. Renvoyés à leur néant. Pas un de leurs slogans ne fut repris dans les manifestations de Tunis, du Caire ou de Casablanca. A aucun moment n'a surgi, chez ces peuples, l'hypothèse terroriste. L'attentat de Marrakech cible autant les touristes que le printemps arabe. S'il n'inversera pas le cours de cette histoire, espérons qu'il n'offrira pas aux appareils policiers un prétexte pour mater les
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