Le 10 septembre 2007, un des fils du colonel Kadhafi accueillait plusieurs dizaines de journalistes européens et américains au milieu des ruines de l’antique cité grecque de Cyrène, sur la partie orientale de la côte libyenne. En costume traditionnel, au pied des colonnes monumentales du temple de Zeus, Seïf al-Islam al-Kadhafi annonçait à la presse et au monde une grande nouvelle : la Libye s’apprêtait à lancer un programme pharaonique en faveur de son patrimoine culturel et environnemental, avec plus de 2 milliards d’euros d’investissements. Cette Déclaration de Cyrène signait le retour du pays dans le concert des nations respectables, quelques semaines après l’épilogue de l’invraisemblable feuilleton des infirmières bulgares (1).
Non seulement le pays de Muammar al-Kadhafi affirmait vouloir s’occuper enfin de son riche patrimoine antique, jusque-là laissé en friche, mais il allait de surcroît se lancer dans d’importants projets de développement d’un tourisme «vert», avec des infrastructures respectueuses des sites pensées par l’architecte britannique Norman Foster, le tout bénéficiant du soutien de diverses fondations princières, de Londres à Monaco.
Le résultat, nous le découvrons près de quatre ans plus tard en compagnie de l'archéologue libyen Fadel Ali Mohamed, un des responsables du site : rien n'a changé, rien n'a été fait. Les ruines exceptionnelles de Cyrène, vantée comme étant l'«Athènes africaine», sont quasiment à l'abandon. «Depuis 1969 [année du coup d