«Du passé faisons table rase.» En 1871, en pleine répression de la Commune de Paris, le chansonnier Eugène Pottier écrit, pour les «damnés de la terre», ces paroles d'un chant révolutionnaire qui aura de l'avenir : l'Internationale, symbole des luttes sociales à travers le monde. Mais l'histoire montre que tous les passés ne se valent pas. Père de la nation en Inde, Gandhi se plaisait à répéter combien «il faut être fier d'avoir hérité de tout ce que le passé avait de meilleur et de plus noble». Homme de qualités, il résumait là, avec grande modestie, l'idée qu'un patrimoine mérite égards. Ce qui ne signifie pas révérence, car alors on risque fort de tomber dans le culte d'un passé prétendu meilleur. S'agissant du patrimoine culturel, l'histoire, encore elle, raconte des tonnes de vandalisme à but politique, comme si, en rasant les vestiges d'une culture antérieure, on repartait de zéro pour du mieux. Prenez Cuba : avant la révolution de 1958, rien. Après, seule la baie des Cochons trouve grâce aux yeux des castristes. Quant à Staline, il fit remplacer la cathédrale de Moscou par une piscine. Il y a dix ans, les talibans firent exploser deux bouddhas géants. En Chine, guerre culturelle encore, les Ouïgours sont mis au pas par la destruction de leurs villages tandis que Pékin joue le grand béton en avant. Que les insurgés libyens se mobilisent pour Cyrène n'est pas seulement digne, c'est aussi un geste de réappropriation populaire. Pourvu q
Éditorial
Vandalisme politique
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publié le 30 avril 2011 à 0h00
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