Menu
Libération
Portrait

Al-Zawahiri, la relève ?

Article réservé aux abonnés
Le monde arabe en ébullitiondossier
Eminence grise de l’organisation, l’Egyptien souffre d’un manque de charisme.
publié le 3 mai 2011 à 0h00

La barbe a poussé, grise et drue. Les cernes se sont marqués, comme les joues, devenues plus creuses. Mais, sur les messages régulièrement diffusés par Al-Qaeda, le ton est resté aussi ferme qu'en ce jour de décembre 1982 quand, enfermé dans une cage de fer avec plus de 300 prisonniers, il haranguait les caméras : «Nous ne sommes pas désolés pour ce que nous avons fait pour le bien de notre religion, nous sommes prêts à d'autres sacrifices encore !»

Ce jour-là, alors que s’ouvre le procès des islamistes soupçonnés d’avoir participé à l’assassinat d’Anouar el-Sadate, un an plus tôt, Ayman al-Zawahiri, 60 ans aujourd’hui, fait ses premiers pas médiatiques. A l’époque simple cadre du jihad égyptien, ce médecin est juste accusé de port d’arme et condamné à trois ans de prison. Mais derrière les barreaux, sous la torture, il dénonce des membres de sa cellule, dont un ami d’enfance, officier dans l’armée. Humilié, brisé, sa haine pour le régime égyptien n’en sort que renforcée.

Glaive. L'avocat islamiste Montasser el-Zayat, un de ses compagnons de geôle, a souvent décrit un intellectuel, un lettré, un fils de la bourgeoisie cairote. Un de ses grands oncles était cheikh de la prestigieuse mosquée d'Al-Azhar, référence de l'islam sunnite. Un autre était secrétaire général de la Ligue arabe. Une famille en vue, dans laquelle on pratique un islam rigoureux. Fasciné par Sayyed Qotb, le théoricien des Frères musulmans, il a, adolescent, rejoint leurs rangs, avant