«C'était un terroriste, bon débarras.» A Beyrouth, les Libanais chrétiens, sunnites, chiites ou druzes semblent pour une fois d'accord. Hier, rares sont ceux qui pleuraient la mort de Ben Laden. «C'était un criminel, les mains rouges du sang de milliers d'innocents, sa mort est évidemment une bonne nouvelle pour tout le monde», lâche Joseph, enseignant, dans le quartier chrétien d'Achrafieh.
De l'autre côté de Beyrouth, côté musulman, un étudiant chiite renchérit. «Il a mérité son sort. Cet assassin refusait toute autre pensée que la sienne, combattait aussi bien les musulmans que les chrétiens.» Pour les chiites libanais, et notamment pour le Hezbollah, Al-Qaeda n'a jamais été en odeur de sainteté. En Irak, les jihadistes sunnites ont multiplié les attentats contre les chiites, qualifiés d'hérétiques. A Beyrouth, le Parti de Dieu redoute depuis des années l'entrée des sunnites fondamentalistes dans cette guerre fratricide et surveille de près les réseaux fondamentalistes. Hier, il a préféré s'abstenir de toute réaction officielle.
Dans les quartiers sunnites, la grande majorité de la population n'éprouve guère plus de sympathie pour «un homme qui a fait beaucoup de tort aux musulmans en donnant au monde une vision erronée de cette religion, explique Mohammad, propriétaire d'un café. Il a tué des milliers d'innocents au nom d'un islam qui n'a rien à voir avec les enseignements du Coran.» Assis sur une chaise en plastique devant la p