La vapeur s'élève au-dessus de la grosse marmite de soupe de pois. Depuis l'aube, Mohamed y plonge sa louche pour servir les clients en route vers le travail. Des prières en arabe sont diffusées par le poste de ce minuscule restaurant-épicerie de la médina. Quand on évoque la mort d'Oussama ben Laden, Yassine et Badi, installés à deux petites tables en plastique, ne sont pas tout à fait d'accord. «C'est l'assassin de Marrakech, ça y est, ils l'ont tué !» s'exclame Badi en référence à l'attentat qui a tué 16 personnes jeudi en plein cœur de la vieille ville. «Je suis bien content qu'il ait été arrêté car, à partir d'aujourd'hui, on va être beaucoup plus tranquilles, les autres vont avoir peur», poursuit ce chef d'entreprise. Convaincu aussi que la disparition de Ben Laden permettra peut-être de mettre fin à l'amalgame «musulman = terroriste».
Représailles. Yacine, directeur d'un hôtel, lui, reste soucieux. «Je ne me sens pas soulagé», dit l'homme en costume cravate. «C'est pas la fin d'Al-Qaeda, c'est le début des autres Oussama», affirme-t-il en évoquant tous les membres de cette nébuleuse de par le monde. Craint-il des représailles au Maroc ? «Peut-être, répond-il, peu convaincu. Encore faudrait-il être sûr que c'est bien Al-Qaeda qui a détruit le café Argana.» Cinq jours après l'explosion qui a secoué la place Jamaâ el-Fna, l'attentat de Marrakech n'a toujours pas été revendiqué. Résultat, dans la rue, d