Après les attaques, George Bush l'avait dit le premier : «Notre pays ne sera plus jamais le même.» Dans l'histoire récente, le 11 septembre 2001 est sans aucun doute l'événement qui a le plus changé les Etats-Unis. Peu à peu, l'Amérique est devenue une nation en guerre, ultrasécuritaire, de plus en plus polarisée, et où les poussées d'intolérance se sont multipliées. «La peur du terrorisme a été utilisée pour justifier beaucoup de choses. Depuis les atteintes aux libertés publiques jusqu'aux poussées d'islamophobie. Sans même parler de l'exploitation politique qui en a été faite», explique Robert Shapiro, professeur de sciences politiques à Columbia University, qui publie le mois prochain un livre sur les conséquences politiques et sociales du 11 Septembre aux Etats-Unis.
Volte-face. Dix ans après, c'est souvent la prison de Guantánamo qui est citée par les associations de défense des droits de l'homme comme le symbole le plus flagrant des «abus» du gouvernement dans la mise en place de sa lutte antiterroriste. Dans ses mémoires publiées il y a quelques mois, George Bush avait ainsi justifié le recours à la torture lors des interrogatoires de suspects, en arguant une nouvelle fois que l'intérêt national des Etats-Unis était en jeu. Lors de son élection en 2008, Barack Obama avait lui promis de fermer Guantánamo, «pour clore un chapitre de notre histoire». Le président américain en a cependant été incapable jusque-là. Début avril, au