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Le commis voyageur de la guerre sainte

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Fils d’une grande fortune du royaume des Saoud, Oussama ben Laden a consacré les trente dernières années de sa vie au service du terrorisme islamiste. De Djedda à Islamabad, en passant par Khartoum et Kaboul.
Un homme avec un journal devant la Maison Blanche à Washington le 2 mai 2011 (AFP Jewel Samad)
publié le 3 mai 2011 à 0h00

Paysages de dures caillasses, forêts de deodars et sur l’âpre sentier de chèvres qui gambade dans la rocaille, on le reconnaît facilement, avec sa kalachnikov bien en évidence, ce qui donne une tonalité à la fois romantique et guerrière à la scène. Ce 11 septembre 2003, soit deux ans jour pour jour après l’attentat contre les Twin Towers qui l’ont rendu célèbre dans le monde entier, Oussama ben Laden se permet de narguer l’Amérique dans une vidéo diffusée par la chaîne qatarie Al-Jezira. Ce sera la dernière fois qu’on le verra aussi longuement, accompagné de son adjoint, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, le temps de cette étonnante promenade, presque idyllique, qui est comme un pied de nez à la plus grande traque jamais lancée dans l’histoire.

L’icône et le propriétaire du jihad

Sur cette vidéo, les deux compères sont habillés en parfaits moudjahidin afghans. Ils portent pakoul - ce béret en forme de galette porté par les montagnards du Nouristan - et chalwar-kamiz - longue tunique et pantalon bouffant. Saisis par la caméra, qui alterne plans et contre-plans, ils sont visiblement sereins, pas même essoufflés, s'aidant simplement avec de longs bâtons quand ils traversent des endroits ravinés. Ben Laden semble même avoir rajeuni avec une barbe moins grise, une peau moins fripée que dans les vidéos précédentes. Et, surtout, le bras qu'il portait raide ne l'est plus autant.

On imagine aisément que les services de renseignements américains ont dû visio