Ainsi la loi sanctionnant la négation du génocide des Arméniens va enfin être discutée ce 4 mai au Sénat. Il se sera donc passé presque cinq ans avant que ce texte, qui avait été voté le 12 octobre 2006 par l’Assemblée nationale, soit soumis à ratification. Une longue période qui aura permis à ce négationnisme d’état de se propager sur notre territoire à travers diverses manifestations, sites internet, profanations, actes de vandalisme, provocations. J’en tiens la liste à disposition de qui veut. Ces agressions s’inscrivent dans le droit fil de la logique de haine qui avait présidé au génocide de 1915. Elles participent de la même discrimination raciale et de la même arrogance criminelle qui avait sous-tendu l’entreprise d’extermination. Est-il possible qu’en France, là-même où nos parents ont trouvé refuge pour échapper à ces ignominies, leurs petits-enfants soient poursuivis près d’un siècle plus tard par la même malveillance, la même idéologie meurtrière, le même fléau, le tout promu par le même Etat turc ?
Beaucoup d’interférences ont pollué le débat sur cette loi que d’aucuns vivent comme une limite à leur liberté d’expression. Mais quelle liberté ? Le négationnisme est une offense à la vérité des faits, une atteinte à la mémoire des victimes, un outrage à la dignité humaine. C’est un appel à la violence et à la récidive. Le négationnisme d’état est un élément constitutif du crime. A ce titre, il serait inconcevable que sa répression ne soit pas prise en charge par l’Eta