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Libération

La double mort d’Oussama ben Laden

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publié le 4 mai 2011 à 0h00

Ce n'était pas qu'un dément sanguinaire, couvert de sang, responsable de l'assassinat d'encore plus de musulmans que de «judéo-croisés». Oussama ben Laden avait ses raisons, qui auront façonné deux décennies de l'histoire islamique et failli jeter le monde dans une guerre de religions. Anticommuniste, richissime et très croyant, il était convaincu que c'était l'islam et ses brigades internationales qui avaient précipité la chute de l'URSS en battant l'armée Rouge en Afghanistan.

Il avait oublié que ces volontaires n’auraient pu venir, ni du Maghreb ni du Machrek, si la CIA n’avait pas organisé leur mobilisation et ils n’auraient rien pu faire sans l’argent saoudien, la logistique pakistanaise et les armes américaines. Oussama ben Laden se trompait sur toute la ligne mais il avait conclu de sa fausse certitude que, si la vraie foi avait pu abattre le communisme, elle n’aurait pas plus de difficultés à vaincre les Etats-Unis contre lesquels il s’était retourné, en 1989, après avoir bénéficié de leur soutien face à l’ennemi commun soviétique.

Comme toute une génération islamique, l’homme du 11 Septembre était tout aussi antiaméricain qu’anticommuniste car, qu’ils soient alliés des Etats-Unis ou inspirés du modèle soviétique, tous les régimes arabes lui semblaient également traîtres à l’islam. Tous n’étaient à ses yeux que des créatures de l’Occident chrétien, une cinquième colonne qu’il fallait défaire en même temps que ses maîtres en organisant l’armée des croyants.

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