«Justice est faite.» La phrase de Barack Obama prononcée après l'exécution du chef d'Al-Qaeda est restée au travers de la gorge des experts de droit international. «L'expression est choquante et outrancière», juge Patrick Baudouin, président d'honneur de la Fédération internationale des droits de l'homme, puisqu'aucune action judiciaire n'a été lancée à l'encontre de Ben Laden, qualifié par les Etats-Unis d'«ennemi combattant». Une notion sans aucun fondement juridique, élaborée par George W. Bush au lendemain du 11 Septembre.
«J'ai des doutes sérieux sur la légalité de l'opération», explique cet avocat. Selon lui, il était légitime de poursuivre le criminel terroriste. Il n'était pas illégal non plus de le pourchasser au Pakistan, «si cela se faisait avec l'accord des autorités du pays». Mais le flou demeure toujours sur le niveau de connaissance et de participation des Pakistanais à l'opération de lundi.
Autre doute, l'intention : Ben Laden a-t-il été exécuté froidement sans avoir tenté de résister ? «Si on avait eu la possibilité de prendre Ben Laden vivant, on était prêt à le faire», a assuré John Brennan, le conseiller antiterroriste d'Obama. Toutefois, Patrick Baudouin s'interroge : «Si les commandos ont reçu l'ordre de tuer, je n'hésiterais pas à parler d'exécution extrajudiciaire.»
Magistrat et secrétaire général de l'Institut des hautes études sur la Justice, Antoine Garapon se refuse à parler d'exécution e