La salle d'Al Mirage, un restaurant pakistanais du quartier de Tooting, dans le sud de Londres, résonne du murmure des convives. Il est 13 heures, c'est l'heure du flash info sur le grand écran de la télévision branchée sur une chaîne d'informations pakistanaises. Le silence se fait. Chacun, les yeux rivés sur l'écran, écoute les dernières nouvelles. «S'il est vraiment mort, c'est bien», marmonne Mohammed Ahmed, 34 ans, devant son poulet massala. «Mais j'aimerais bien en avoir la preuve.»
Un peu partout dans le quartier, au cœur du marché coloré, qui mêle stands indo-pakistanais ou caribéens de fruits et légumes, la même réaction émerge : un soulagement teinté de scepticisme. «Oussama ben Laden n'était pas un vrai musulman», assène Sherif Salem, 27 ans, devant sa boutique de saris «Lal Kurti». «Mais, franchement, avec tout ce qu'ils nous racontent tout le temps, savoir s'il est vraiment mort…»
A l’opposé de la capitale, devant la mosquée de North London Central, anciennement Finsbury Park, l’incrédulité aussi domine parmi les croyants qui sortent de la prière de midi. Aujourd’hui encore, la mosquée garde une réputation sulfureuse. C’est là qu’Abu Hamza, un extrémiste égyptien actuellement en prison dans l’attente d’une demande d’extradition des Etats-Unis, a harangué pendant des années ses supporters, transformant la mosquée en un haut lieu du recrutement islamiste extrémiste. Richard Reid, qui a tenté de faire exploser le