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Libération

Les ports négriers au XVIIIe siècle

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Points de vue et cartes du monde avec les Editions Autrement.
par Marcel DORIGNY et Bernard Gainot
publié le 7 mai 2011 à 0h00

Une géographie fortement hiérarchisée des ports négriers européens se dessine sur cette carte : le trio des trois grands ports britanniques domine sans conteste l’ensemble. Liverpool fut le premier port négrier européen, assumant à lui seul autant d’expéditions que l’ensemble des ports français ; il était suivi de Londres et de Bristol. Après eux, le groupe des ports français : Nantes, de loin le principal pour la traite, avec 52% des expéditions, suivi par La Rochelle, le «complexe» Le Havre-Honfleur, Bordeaux et Saint-Malo ; Marseille, Dunkerque, Bayonne venant loin derrière. Le troisième pôle était formé par le groupe des ports des Provinces-Unies (Hollande), échelonnés de la côte de Zélande jusqu’à Amsterdam. En dehors de ces ensembles, l’activité négrière était des plus modestes, de cinq à une vingtaine d’expéditions par port, tout au plus. Ainsi, la cartographie met-elle en évidence un fait majeur : l’activité négrière des ports européens s’inscrivait sur une portion limitée de la façade atlantique, dans un triangle allant de Bordeaux à Liverpool et à Amsterdam. Plus de 95% des expéditions de la traite des Noirs furent organisées à partir de ces ports.

Cette hiérarchie ne correspond pas à celle des pays organisateurs de la traite : le Portugal transféra 4,6 millions d’Africains vers les colonies européennes des nouveaux mondes, la Grande-Bretagne 2,6 millions, l’Espagne 1,6 million, la France 1,25 million et les Provinces-Unies un demi-million. Lisbonne, avec moins de 1