Menu
Libération
Reportage

Migrants en Libye : du rêve à la fuite

Article réservé aux abonnés
Tandis que les bombes pleuvent sur Misrata, des rescapés arrivent à Benghazi pour rejoindre la frontière égyptienne. Parmi eux, beaucoup d’immigrés africains qui ont tout quitté.
publié le 7 mai 2011 à 0h00

«Je ne reviendrai jamais en Libye. J'y vis depuis deux ans et Dieu ne m'a pas donné ma chance», explique Satif Yarro. Ce Malien de 31 ans a passé seize jours à prier pour le départ d'un ferry de Misrata, la ville de l'Ouest assiégée par les forces de Kadhafi. Avec environ 300 Libyens, Satif et d'autres migrants africains ont rallié, tôt jeudi matin, le port commercial de Benghazi à bord du Red Star, un ferry battant pavillon panaméen. Ces rescapés songent à ces dernières heures dans la peur des roquettes près du port, situé à 700 kilomètres de Benghazi. La veille, l'une d'entre elles a tué une famille nigériane de cinq personnes. Autour des bus, le récit du drame circule en boucle, confirmé par deux membres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Selon le temps passé près du port, les hommes parlent de «quatre», «sept», «dix» bombardements, sur un camp où l'eau et la nourriture manquent et les maladies progressent.

«Oublier». Satif, un jardinier, est encore traumatisé d'avoir vu le corps des Nigérians pulvérisés par la roquette. Il travaillait à Misrata depuis deux ans, pour 450 dinars libyens mensuels (175 euros), même s'il n'en a pas vu la couleur depuis trois mois. Il va rejoindre sa femme et son enfant à Bamako, «et oublier le malheur de la Libye». Un Nigérien qui travaillait depuis six mois «dans une société fabriquant des produits pour nettoyer des terrains de football» espère