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Libération

Pakistan : le prix de l’ambiguïté

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La mort d’Oussama ben Laden a mis en lumière le double jeu d’Islamabad. Décrédibilisée, l’armée doit préserver ses liens avec Washington tout en restaurant son image auprès de la population.
publié le 7 mai 2011 à 0h00

C'est une armée prise entre deux feux dévorants. Critiques de Washington qui lui reproche d'avoir failli à sa mission de traquer Oussama ben Laden. Critiques beaucoup plus acerbes de la population qui se demande pourquoi le commando américain est arrivé dans la nuit de dimanche à lundi comme en terrain conquis, et a pu mener son raid éclair sans grand souci. Jeudi, soit trois jours après le raid, l'état-major pakistanais est passé pour la première fois à la contre-attaque par la voix de son chef d'état-major, le général Ashfaq Pervez Kayani, qui a fait savoir, dans un communiqué, qu'une opération similaire de la part de Washington ne serait plus tolérée. «Le chef d'état-major a dit clairement que toute nouvelle action de ce type [le raid américain, ndlr], violant la souveraineté du Pakistan, entraînerait une révision du niveau de la coopération militaire et dans le domaine du renseignement avec les Etats-Unis», affirme le texte. Dans le quotidien The News, Ayaz Amir, l'un des éditorialistes, se gaussait de telles rodomontades. «On imagine la CIA trembler dans ses chaussures ! Mon fils, lui, a éclaté de rire quand il a lu ça. Si les Américains ont le moindre indice sur la présence quelque part de Al-Zawahiri [le successeur de Ben Laden, ndlr] ou du mollah Omar [le chef des talibans afghans, ndlr], qu'est ce qui les empêchera d'envoyer leurs commandos le chercher ?»

Instructeurs. Le chef d'état-major, qui a admis des «insuffisances» d