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Libération

Un canal, symbole de la puissance turque et des ambitions d’Erdogan

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publié le 9 mai 2011 à 0h00

Le Premier ministre turc clame que «ce canal fera de l'ombre à ceux de Panama et Suez». Annoncé mercredi 27 avril après plusieurs semaines de suspense ce «projet fou et magnifique», selon les mots de Recep Tayyip Erdogan a mis en effervescence la Turquie. Les entrepreneurs proches de l'AKP, le parti islamoconservateur au pouvoir depuis 2002, exultent, les écologistes fulminent, les diplomates s'inquiètent de voir se rallumer la question des détroits. Prévu pour être achevé en 2023 pour le centenaire de la République, ce canal de 150 mètres de large et 25 mètres de profondeur, long de 50 kilomètres reliera la mer Noire à la mer de Marmara, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest d'Istanbul. Il devrait pouvoir accueillir chaque jour jusqu'à 160 cargos et tankers de gros tonnage soulageant d'autant le Bosphore emprunté en 2009 par 51 000 navires dont de nombreux pétroliers. Ce détroit, avec de très forts courants, a déjà connu plusieurs graves collisions de tankers comme en 1979 (41 morts) et 1994 (29 morts). Le Premier ministre évoque la «préservation de la mer et de la nature».

Mais c'est avant tout un grand coup politique, alors que s'ouvre la campagne pour les élections législatives du 12 juin où l'AKP est à nouveau donné largement gagnant. L'opposition dénonce la mégalomanie du chef de gouvernement et nombre d'éditorialistes, comme Kadri Gursel de Milliyet, pourfendent «cette folie» dans un pays manquant d'infrastructures, not