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Libération

Dans le Hunan, le kidnapping fait recette

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Les officiels de cette région n’hésitent pas à enlever et revendre les enfants. L’Etat tarde à réagir.
publié le 12 mai 2011 à 0h00

Lorsque les fermiers des villages de la région de Shaoyang ont un enfant hors quotas, ils le cachent du mieux qu’ils peuvent. Dans cette contrée misérable de la province du Hunan (sud-est), les officiels chargés d’appliquer la politique de l’enfant unique ont tous les pouvoirs. S’ils détectent un «enfant illégal», ils exigent le paiement d’une amende appelée «frais de compensation sociale». Cet impôt, qui peut atteindre jusqu’à neuf années du revenu annuel d’une famille, est censé représenter le fardeau supplémentaire que fait peser l’enfant en trop sur la société.

La plupart des paysans locaux étant incapables de payer, les officiels s'emparent alors de force de «l'enfant noir». Celui-ci est vendu l'équivalent de 700 euros à l'orphelinat de la ville de Shaoyang, qui à son tour le confie à des parents adoptifs étrangers en échange d'une somme d'environ 2 100 euros présentée comme une «contribution».

Ce lugubre commerce est illégal en regard de la loi chinoise, qui interdit aux officiels du contrôle des naissances de kidnapper les enfants. En cas d’insolvabilité des parents, ils ne sont habilités qu’à confisquer des volailles, des porcs ou des meubles.

Enquête. Le kidnapping est pourtant la règle plutôt que l'exception depuis 2003 dans toute cette zone du Hunan. C'est ce qui ressort d'une enquête publiée cette semaine par le magazine Caixin. Au cours des années précédentes, plusieurs journaux, notamment le South China Morning Post de H