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Libération

Ces Vietnamiennes qui se marient pour émigrer

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par Hervé Lisandre, De notre correspondant à Hanoi
publié le 13 mai 2011 à 0h00

Tout sauf un Vietnamien. Tran Thi Dieu Hien ne voulait se marier qu'avec un étranger. Son objectif ? Fuir le quotidien miséreux de son village d'éleveurs de crevettes, dans le delta du Mékong (au sud du Vietnam). Une agence illégale s'est occupée de tout. Hien, qui avait alors 21 ans, rencontre un Taïwanais de 35 ans. Deux jours plus tard, la jeune femme convole. Puis s'envole pour Taipei. Elle reviendra moins d'un an après, divorcée, enceinte et meurtrie par son expérience : «Mon mari ne cherchait pas une épouse mais une domestique…»

Comme Hien, 110 000 Vietnamiennes - la plupart originaires du delta du Mékong - se sont mariées avec un Taïwanais ces dix dernières années ; 35 000 avec un Sud-Coréen (confrontés chez eux à un important célibat féminin). «Pour elles, ces hommes représentent l'opportunité d'une vie meilleure dans un pays développé», analyse Khuat Thu Hong, sociologue à Hanoi. Et l'amour ? «Ce n'est pas la motivation des unions, mais beaucoup de mariages se déroulent très bien», assure la chercheuse.

L'émigration matrimoniale prospère grâce aux réseaux familiaux. C'est une cousine, déjà mariée à Taiwan, qui a encouragé Hien à épouser un Taïwanais. La fille de Diep Hoang Thuy est, elle aussi, partie sur les conseils d'une cousine. «Depuis que nous avons un gendre taïwanais notre vie s'est nettement améliorée», se réjouit cette vendeuse de soupe de nouilles à Can Tho, la capitale du delta du Mékong. Nombre de ces mariées lointaines