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Libération

Cinq ans de prison pour le gardien de Sobibor

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Nazisme . Condamné hier, John Demjanjuk, 91 ans, supplétif du camp polonais en 1943, a fait appel.
publié le 13 mai 2011 à 0h00

Casquette vissée sur la tête, lunettes noires, visage fermé, la plupart du temps allongé sur une civière et comme absent… John Demjanjuk, 91 ans, n’a pas laissé paraître la moindre émotion à l’annonce du verdict - cinq ans de prison - comme tout au long des dix-huit mois de son procès, le premier du genre outre-Rhin. Jamais la justice allemande n’avait eu à juger un étranger pour participation aux crimes nazis.

C'est un petit document cartonné qui a valu sa condamnation à John Demjanjuk. Etabli par l'administration nazie, il porte le numéro 1 393. Et certifie que Demjanjuk a bien travaillé au camp d'extermination de Sobibor, en Pologne occupée, entre mars et septembre 1943. Au cours de cette période, 27 343 Juifs y ont été gazés. «John Demjanjuk était volontaire pour participer au massacre contre les Juifs», a estimé le président du tribunal 2 de Munich, Ralph Alt. Et qui travaillait à Sobibor avait forcément du sang sur les mains : les victimes étaient acheminés vers les chambres à gaz dès leur arrivée au camp.

Ivan Nikolajewitsch Demjanjuk, jeune ukrainien enrôlé par l'Armée rouge, puis prisonnier, fut recruté comme supplétif par les nazis pour effectuer le sale boulot dans les camps. «Les "trawnikis" étaient pires que les Allemands», ont répété des rescapés lors du procès. Après la guerre, il fuit vers les Etats-Unis, s'y marie, obtient la nationalité américaine, travaille chez Ford à Cleveland. Mais le passé le rattrape. Des survivants de Treblinka pensen