Il symbolise la nouvelle réalité des Verts allemands qui dans les sondages continuent de dépasser les sociaux-démocrates. Catholique sexagénaire au look un peu désuet avec ses cheveux en brosse, ses costumes gris et ses confortables godasses, Winfried Kretschmann a été élu hier matin premier ministre-président vert de l'histoire allemande, après avoir arraché le Bade-Wurtemberg aux conservateurs, au pouvoir sans interruption dans la région depuis 1953. Pour la première fois depuis que l'ancien ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer a pris sa retraite, le siège des Verts était plein en ce lundi 28 mars, lendemain d'élections capitales pour les «Grünen». La veille, leur poulain Winfried Kretschmann, 62 ans, un vieux de la vieille en politique régionale, avait accompli cet exploit historique de gagner ce très riche land du sud-ouest de l'Allemagne. A Berlin, tout le monde voulait enfin voir celui qui a infligé un tel camouflet à Angela Merkel. Les règles de la politique berlinoise, Kretschmann ne les connaît pas encore. A peine descendu de l'avion, son portable sonne. «Mme Merkel pour vous au téléphone», lui annonce une voix féminine. «Félicitations pour votre succès», entame la présentatrice d'une chaîne de radio berlinoise, imitant la voix de la chancelière. La conversation dure trois bonnes minutes avant que Kretschmann, décidément encore bien naïf, se doute de la supercherie. Tout ce que Berlin compte de politiciens de haut rang se tord de rire.
Portrait
Un vert mutant à la tête d’un land allemand
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publié le 13 mai 2011 à 0h00
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