«Entrez, c'est ouvert !» Une phrase innocente, lancée comme si de rien n'était. En franchissant la porte de chez Michael Balkind, on a l'impression d'être dans n'importe quelle autre ville du monde. A Johannesburg, les portes ne sont pas «ouvertes». Elles sont plus souvent fermées à double tour, derrière une grille, derrière des murs et des fils barbelés. Michael se sent claustrophobe.
En 1996, à 17 ans, il enterrait l'apartheid en rodant seul dans les quartiers noirs de Johannesburg, réputés les plus dangereux de la ville. Par provocation, pour montrer qu'il n'avait jamais subi «le lavage de cerveau du racisme et de la peur». «Les Blancs ont subi la propagande de l'apartheid autant que les Noirs. Une propagande qui a duré quarante ans. Mais notre génération meurt d'envie de voir autre chose.» A 31 ans, il est devenu le roi des fêtes underground. Sa compagnie, JHB Live, répertorie toutes les soirées «décalées» et organise des événements pour une jeunesse hors-norme, «des artistes et accrocs aux drogues», s'amuse-t-il. Son terrain de jeu est le centre-ville. Pour la majorité des Joburgeois blancs, s'y rendre est inconcevable. Le «CBD», comme on l'appelle ici, n'a plus rien d'un central business district. C'est un amas d'immeubles, souvent à l'abandon, où se concentrent les exclus du pays et du continent.
Au début des années 90, les lois de l'apartheid sont abolies. Les Noirs ont enfin accès au CBD et, en quelques années, le