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grand angle

Scènes de ménage

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A travers six villes et quatre siècles, une exposition, à Londres, propose une histoire décapante de la saleté.
publié le 17 mai 2011 à 0h00

On peut aborder «Dirt», exposition sur la saleté présentée à la Wellcome Collection, à Londres, en commençant par faire un tour aux toilettes. L’excursion n’est pas prévue au programme mais elle vaut le coup. Admirons les lieux d’aisance du centre culturel du Wellcome Trust, la plus riche fondation au monde dédiée à la recherche biomédicale après celle de Bill et Melinda Gates. Les water-closets de cet édifice victorien rénové en 2007 pour abriter, outre un musée où fricotent arts et sciences, la plus grande bibliothèque d’histoire de la médecine de la planète, sont nickels.

La céramique rutile, les chromes scintillent, l'eau jaillit, la chasse rugit, et sur les murs, brillent en lettres d'émail noir des aphorismes élevant l'âme. Voici un monument à la gloire de l'homme en lutte contre la face obscure de ses activités - ses effluents -, une lutte qui est précisément l'objet de l'exposition sous-titrée «la Réalité répugnante de la vie quotidienne». Remarquons la pensée du philosophe américain Emerson inscrite dans le troisième WC des toilettes pour dames : «Science does not know its debt to imagination», «la science ignore combien elle est redevable à l'imagination.» On verra à quel point c'est vrai dans cette histoire de fèces et d'ordures où l'on entrera sans s'étonner de lire sur la porte : «Cette exposition contient des restes humains.» On comprendra plus tard.

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