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Libération
Reportage

La Tunisie agitée par des tensions post-révolutionnaires

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Quatre mois après la chute de Ben Ali, le pays connaît une nouvelle série de manifestations durement réprimées.
publié le 18 mai 2011 à 0h00

Amira et Sofiene sont attablés à un café de l'avenue Bourguiba, la principale artère du centre de Tunis transformée en agora de la révolution. C'est là que tout se passe : manifestations, rumeurs, manipulations, débats. Amira est comédienne, Sofiene «facebookiste» : jeunes, talentueux, ils sont l'âme de la révolution. Il y a dix jours, le 6 mai, ils se sont fait matraquer par la police sur les marches du Théâtre municipal. A présent, l'humeur est sombre : «Le problème, c'est que si on manifeste, c'est le meilleur moyen de faire tomber ce gouvernement. Et donc la porte ouverte à ceux qui veulent bloquer tout le processus.» Amira est la plus remontée : «Alors on fait quoi ? On la ferme et on les laisse mentir, matraquer ?!» Sofiene, déterminé : «On maintient la pression jusqu'aux élections.»

Quatre mois après la fuite de Ben Ali, la révolution tunisienne traverse une zone de turbulences. Au point que les plus pessimistes disent craindre une contre-révolution. Le pays vient de traverser deux semaines de troubles qui font douter de la tenue des élections de la future Assemblée constituante, le 24 juillet. De fait, la date semble impossible à tenir, ne serait-ce que pour des raisons techniques. L’annonce d’un report des premières élections libres du pays risque fort d’attiser la méfiance d’une population déjà en proie au doute et à la confusion.

Inflammable. Tout a éclaté le 5 mai, lorsque les Tunisiens ont découvert, stupéfaits, une inte