Un rapport publié fin avril par un trio d'experts mandatés par les Nations unies évoque des allégations de «crimes de guerre» et de «crimes contre l'humanité» commis par le gouvernement sri-lankais entre janvier et mai 2009 contre les populations civiles et la rébellion des Tigres tamouls. Il réévalue les bilans à plus de 40 000 morts sur les derniers mois du conflit et appelle à l'ouverture d'une enquête internationale. Dans The Cage, un livre publié cette semaine, Gordon Weiss tire les leçons du conflit.
Etes-vous surpris par le rapport des experts de l’ONU ?
C'est le manque d’ambiguïté de ce rapport qui m’a surpris. Il s’agit d’un document très étayé et très documenté. Il y avait une querelle au sein des Nations unies au sujet de la publication des bilans humains. J’étais de ceux qui souhaitaient communiquer ces informations. Mais l’ONU a décidé de ne pas les rendre publiques. Après la guerre, j’ai quitté les Nations unies pour écrire un livre sur cette histoire violente.
Les experts fustigent le rôle de l’ONU, qui a failli à protéger les civils…
Au vu des 10 000 à 40 000 morts, on ne peut vraiment pas dire que l’opération des Nations unies a été un succès.
L’ONU a-t-elle perdu sa crédibilité au Sri Lanka ?
Oui, car elle a été jetée dans une crise humanitaire qui s’est soldée par un échec. Elle a été tenue dans une position faible par les gouvernements qui se sont succédé depuis des années au Sri Lanka. Mais les Nations unies étaient bien seules sur le terrain.
Vous êtes très critique sur le régime du président Mahinda Rajapakse qui a conduit le pays dans une spirale violente pour endiguer cette guerre contre les Tigres tamouls…
Le point le plus problématique n’est pas la nature de ce régime, mais bien sa décision d’utiliser une force écrasante contre les Tigres qui a conduit à la mort des millie