«Nous sommes arrivés à pied, comme nos ancêtres, jusqu’à ce lieu où ils ont vu pour la première fois le lac, l’aigle, le serpent, le nopal et la pierre, ces emblèmes qui fondèrent la nation et qui accompagnèrent les peuples du Mexique tout au long des siècles. Nous sommes arrivés sur cette place où un jour vécut Tenochtitlán - cette place où l’Etat et l’Eglise se sont installés sur les fondements d’un passé riche en enseignements et où les chemins se rencontrent et bifurquent - ; nous sommes arrivés ici pour redonner une visibilité aux racines de notre nation, pour que sa nudité, qui accompagne la nudité de la parole, c’est-à-dire le silence, et la douloureuse nudité de nos morts, nous aide à éclairer le chemin.
«Si nous avons marché et si nous sommes arrivés ainsi, en silence, c’est parce que notre douleur est immense et profonde, et que l’horreur qui la fait naître est si grande qu’il n’y a plus de mots pour la dire. C’est aussi parce qu’à travers ce silence, nous nous disons et nous disons à ceux qui ont la responsabilité de la sécurité de ce pays que nous ne voulons pas un mort de plus, causé par cette confusion croissante qui cherche à nous asphyxier, comme ils ont asphyxié le souffle et la vie de mon fils Juan Francisco, de Luis Antonio, de Julio Cesar, de Gabo, de María del Socorro, du commandant Jaime et de tant de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieux assassinés avec un mépris et une bassesse qui appartiennent à des mondes qui ne sont pas et ne seront j