Le type n'est pas sombre. Il est même extrêmement souriant. Devrait-on s'en étonner car Nicolas Barthe, pardon le lieutenant Barthe, vient de passer six mois en mission à Tagab, dans la vallée de Kapisa, l'une des plus dangereuses d'Afghanistan ? A Nîmes, ce jour-là, le chef de section de combat au 21e régiment d'infanterie de marine a sorti le treillis et les rangers mais pas le béret, laissant son crâne rasé à l'épreuve du soleil de mai qui tape. Il a 30 ans, une bouille de petit garçon, les yeux bleus, la langue bien pendue et le débit rapide. Le topique du militaire enténébré et taiseux vient de se briser contre le mur de l'imaginaire collectif ignorant. Et pan.
Dans son livre, Engagé, Nicolas Barthe témoigne des coulisses d'un conflit qui perdure et où les pertes s'accumulent. Un combat dans lequel on ne voit pas les insurgés mais où l'on entend leurs balles claquer. Pas la peine donc de remettre ici le couvert de la guerre, intéressons-nous plutôt au triptyque périphérique qui fait que Nicolas Barthe est un homme (presque) comme les autres. On a nommé la vie, l'amour et la mort. Et dans cet ordre, s'il vous plaît.
1) La vie. Nicolas Barthe aime manger et boire. Dans les règles. Durant le déjeuner, on a le malheur de lui verser de l'eau dans son pastis. L'impair est à éviter avec un Méditerranéen. Heureusement, il ne nous en tient pas rigueur et commande du rosé. Cette fois, on le laisse remplir les verres. Lorsque le jeune homme s'eng