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Libération
Interview

«Il y a bien l’espoir de faire bouger les choses»

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Benoît Pellistrandi, spécialiste de l’Espagne contemporaine :
publié le 24 mai 2011 à 0h00

Historien spécialiste de l’Espagne contemporaine, Benoît Pellistrandi, ex-directeur des études à la Casa Velázquez de Madrid, achève un livre sur «les fractures espagnoles» à paraître aux éditions Perrin.

Que signifie ce mouvement des «Indignados» ?

Il s’agit évidemment d’un mouvement né de la crise dans un pays qui vient de vivre ses «Trente Glorieuses». Elles avaient commencé peu avant la fin du franquisme, puis le retour de la démocratie et l’Europe ont apporté un énorme enrichissement. Mais ce pays de nouveaux riches connaît depuis 2008 un atterrissage extrêmement dur. Il y a la montée spectaculaire du chômage des jeunes, et ceux qui travaillent ont, au mieux, des boulots mal payés et précaires. On parle ainsi de «génération 1 000 euros». Cette génération qui est la mieux formée et la plus diplômée de l’histoire du pays est aussi celle qui s’insère le plus mal dans le monde du travail. Les jeunes n’arrivent plus à s’émanciper et à quitter leur famille avant 30 ans.

Il ne faut pas non plus oublier une longue histoire de mobilisation de la part de la jeunesse espagnole. Au printemps 2003, des centaines de milliers de jeunes avaient défilé huit dimanches de suite dans les rues de Madrid pour protester contre l’engagement du gouvernement conservateur de José Maria Aznar aux côtés des Américains en Irak. Ou comme en 1996 quand, après l’assassinat du président du tribunal constitutionnel Francesco Tómas y Valiente, les étudiants se mobilisèrent massivement contre ETA. Cette fois, il y a l’espoir de faire vraiment bouger le