La ville d’Abyei, à la lisière du Nord et du Sud-Soudan, était la proie, hier, des flammes et des pillages de bandes armées. Depuis samedi, l’armée gouvernementale de Khartoum occupe cette localité réclamée par les deux entités, qui forment actuellement le Soudan et sont destinées à se séparer le 9 juillet, date prévue de la proclamation de l’indépendance du Sud-Soudan. A mesure que cette échéance approche, les probabilités d’une reprise de la guerre entre le Nord et le Sud ne font que croître.
Que s’est-il passé à Abyei ?
Samedi, quelque 5 000 hommes de l’armée soudanaise, obéissant au pouvoir nordiste de Khartoum, ont franchi la rivière Kiir (le Bahr al-Arab pour les Arabes) pour s’emparer de la ville d’Abyei. Cette offensive fait suite à une embuscade dans laquelle 22 soldats gouvernementaux ont péri, jeudi. Khartoum accuse l’armée sudiste issue de la SPLA, l’Armée populaire de libération du Soudan, principal mouvement indépendantiste du Sud, d’être responsable de l’incident. Les autorités de Juba, future capitale du Sud-Soudan, ont démenti.
A la suite de l'invasion d'Abyei, 20 000 civils, soit la quasi-totalité de la population, se sont enfuis vers le Sud, selon Médecins sans frontières. Ce sont des Dinkas Ngok, des agriculteurs sudistes, qu'une rivalité ancestrale oppose aux Misseriyas, une tribu apparentée arabe, qui vit de l'élevage et de la transhumance. Les Misseriyas, armés par Khartoum, forment des milices qui opèrent régulièrement des razzias chez l