J’ai été un témoin privilégié de la révolution du jasmin en Tunisie. Exaltante, elle donnait aussi à réfléchir, car ses causes sous-jacentes, la corruption et l’exclusion, étaient présentes depuis des années et avaient été largement ignorées par la communauté internationale. Il y avait matière à réflexion à s’entendre demander, comme ce fut le cas à la première conférence de presse que j’ai donnée après la fuite de Ben Ali, pourquoi les banques multilatérales de développement financent des dictatures et ferment les yeux sur la mauvaise gouvernance. Matière à réflexion encore devant la crainte de voir les aspirations légitimes étouffées.
Notre réponse en Afrique du Nord ne doit pas se limiter à des actions à court terme. Mais c’est aussi un enjeu plus vaste pour l’Afrique. Celle-ci peut et doit être un pôle de croissance dans les décennies à venir. Promouvoir la croissance inclusive, la croissance pour tous, est l’urgence de l’heure. C’est en effet le thème des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement prévues à Lisbonne en juin. Pour l’Afrique, les ingrédients sont bien connus : stimuler la production agricole, aider les petites entreprises, une éducation de meilleure qualité et plus adaptée, encourager le secteur privé, améliorer le climat des investissements, réduire les disparités de genre et entre régions.
Je salue la création, par le président Sarkozy, d’un groupe de travail de haut niveau sur les infrastructures, dans l’attente de ses recommandations.