«Pour quelle heure, la tambouille ?» La voix éraillée de Rafael tonne sous les bâches bleues de la Puerta del Sol, au cœur de Madrid. Casquette de capitaine vissée sur la tête, torchon noué à la taille, il est depuis une semaine aux commandes des marmites du campement des «Indignados». Au menu du jour, fabada asturienne (sorte de cassoulet) et lentilles, en fonction des réserves de l'épicerie alimentée par les dons des sympathisants. «J'ai passé ma vie dans l'hôtellerie, j'ai tout fait, la cuisine, la plonge, le service… Alors je peux me débrouiller pour nourrir les troupes !» Rafael, chômeur en fin de droits, a rejoint le mouvement sans y penser. «J'ai vu que je pouvais être utile et je suis resté, raconte-t-il. J'en ai marre qu'on me dise qu'à 56 ans, je suis bon à flanquer à poubelle.»
Depuis une semaine, les campeurs sont à l’œuvre, menant de front l’organisation du village et l’avancée des débats afin de décider de l’évolution du mouvement. Au fil des jours, ce campement autogéré est de mieux en mieux organisé. Avec ses cantines, ses postes d’infirmerie, son équipe de nettoyage, ses responsables de communication, et ses ateliers d’affiches ou de menuiserie.
Jours comptés. Certains finissent leur nuit sur un bout de sofa esquinté, d'autres sont déjà à la guitare. L'assemblée générale de la mi-journée se prépare. Ce lundi n'est pas tout à fait un jour comme les autres. Les élections municipales et régionales partielles se