Ils l'agrippent, l'embrassent, lui tapotent la joue. Les jeunes filles le prennent en photo et l'apostrophent déjà dans un sonore «O' sindaco», monsieur le maire. Au milieu de la foule et tandis qu'à son passage un petit embouteillage se forme sur le cours Umberto-I, l'une des artères principales de Naples, Luigi de Magistris réajuste sa veste marine, replace en arrière ses cheveux bruns gominés, serre toutes les mains qui se tendent et saisit un porte-voix. «Nous devons reprendre la ville ! Basta ! Les jeunes Napolitains ne doivent plus être contraints d'émigrer à l'étranger», lance-t-il, sur les marches de l'université. «Le travail ne doit plus être un privilège, une faveur que l'on demande aux puissants.» Et de faire acclamer pêle-mêle, dans un souffle et sous un soleil de plomb, «la défense de la culture» et «la classe ouvrière» avant de repartir dans un cortège improvisé.
Au premier tour des élections municipales, le 16 mai, Luigi de Magistris n'a obtenu que 27,1% des suffrages. Dix points de moins que le candidat berlusconien Gianni Lettieri. Mais dans une ville encore submergée par endroits de montagnes d'ordures, l'ancien magistrat - révélé par ses enquêtes controversées mais spectaculaires - a désormais le vent du grand nettoyage en poupe, pour le deuxième round électoral qui se déroulera dimanche et lundi. «Il incarne la rupture dans une ville frustrée, désenchantée, repliée sur elle-même. De Magistris a su interpréte