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Sa bataille de Kigali

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Didier Tauzin. Ce général à la retraite défend l’action de l’armée française mise en cause lors du génocide rwandais en 1994.
publié le 31 mai 2011 à 0h00

Ras-le-bol. C'est le premier mot qui lui vient à la bouche. Didier Tauzin, général à la retraite, en a ras-le-bol. Marre des attaques contre l'armée française accusée à Kigali, mais aussi par certains à Paris, de complicité de génocide au Rwanda. Marre du silence des autorités politiques face à ces accusations. Alors, cet officier qui a servi à la tête des «paras» du 1er RPIMa (Régiment d'infanterie de marine) au «pays des mille collines» juste avant le génocide de 1994 et à sa toute fin, dans le cadre de l'opération militaro-humanitaire Turquoise, a décidé de se défendre lui-même. Dix-sept ans après le grand massacre : 800 000 morts, au bas mot, pour l'essentiel des Tutsis mais aussi des Hutus modérés, assassinés en cent jours sur injonction du régime de Kigali, soutenu à l'époque par la France de Mitterrand.

On sent bien que cela lui a coûté à ce fils de militaire, soldat «par tempérament». Ecrire, c'était transgresser le sacro-saint devoir de réserve en vigueur au sein de l'armée. Entré dans la carrière après le bac et Saint-Cyr, au début des années 70, il est à la retraite depuis cinq ans. Mais, explique cet homme installé en Charentes, le rétablissement de son honneur «sali» a fini par l'emporter sur le respect de cette règle d'or.

Le livre qu'il a récemment publié s'ouvre sur le choc d'un père. En 1998, sa fille l'interpelle en ces termes : «Papa, c'est dégueulasse ce que tu as fait. Tu as massacré des Tutsis au Rwanda !» Elle venait