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Libération
Interview

«Ce gouvernement a de bonnes idées, mais il est inefficace»

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Pour la chercheuse vénézuélienne Margarita López Maya, les politiques d’urgence de Chávez déstabilisent les institutions du pays :
publié le 1er juin 2011 à 0h00

L’historienne vénézuélienne Margarita López Maya, enseignante et chercheuse à l’Université centrale du Venezuela (UCV), analyse les récentes annonces d’Hugo Chávez en termes de politique sociale. Cette universitaire invitée à Columbia (New York) ou à Oxford s’est elle-même présentée comme candidate du parti de gauche Patria Para Todos (Patrie pour tous) lors des législatives de novembre. Ce parti, formé essentiellement d’anciens syndicalistes, s’est séparé de la majorité chaviste, mais n’appartient pas pour autant à la coalition d’opposition.

Les nombreuses mesures sociales annoncées par Hugo Chávez la semaine dernière répondent-elles aux besoins des Vénézuéliens ?

Non, elles sont très loin de satisfaire les Vénézuéliens. Par exemple, sur les augmentations de salaires, si l'on prend le cas des professeurs d'université, qui n'avaient pas été augmentés depuis trois ans, la hausse annoncée permet à peine de supporter l'inflation de cette année. Pour ce qui est du logement, les promesses ne pourront pas être tenues quand on voit le retard accumulé par le gouvernement dans ce domaine. Pour mémoire, les sinistrés de la tragédie de Vargas, en 1999 [un glissement de terrain avait fait environ 20 000 morts, ndlr], attendent encore d'être relogés. Il y a aussi un problème dans la manière dont sont dispensées ces aides : Hugo Chávez les distribue lui-même, comme des cadeaux, de manière très paternaliste. Il n'y a pas de négociation avec les autres acteurs, comme ce devrait être le cas dans une société moderne et démocratique. Le Président démolit totalement le cadre institutionnel du pays, il discréd