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TRIBUNE

Fin de cavale pour Mladic et sursis pour le TPI

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par Antonio Cassese, Président du Tribunal spécial sur le Liban, premier président du Tribunal pénal international sur l’ex-Yougoslavie (1993-1997)
publié le 1er juin 2011 à 0h00

Après une cavale de presque seize années, le général Ratko Mladic a été enfin rattrapé. Une grande victoire pour la justice pénale internationale, victoire qui devrait faire trembler le président soudanais Omar al-Bashir, inculpé de génocide par la Cour pénale internationale, et, pour l’instant, confortablement à l’abri de toute arrestation ; elle devrait aussi inquiéter Muammar Kadhafi qui, lui, fuit sous les bombes.

De Nuremberg à aujourd’hui, les dirigeants politiques et militaires des pays qui sont coupables d’atrocités n’ont plus d’échappatoire. Cette arrestation est également une grande victoire pour l’Union européenne, qui avait posé comme préalable à l’entrée de la Serbie dans l’UE l’arrestation de tous les Serbes recherchés par la justice, affirmant ainsi que l’une des conditions, pour faire partie de l’Union est le respect du droit et de la justice. Enfin, cette arrestation constitue une victoire pour les nouveaux dirigeants politiques serbes ; depuis quelques années, leur pays a prouvé qu’il était capable de juger ses propres citoyens pour des crimes commis à l’encontre des musulmans et des Croates entre 1992 et 1995.

La Serbie démontre ainsi qu’elle a atteint une maturité démocratique fondée sur la suprématie du droit. Ce procès pourrait avoir une grande importance pour l’histoire de cette période sombre de l’ex-Yougoslavie, en éclairant de nombreux faits et épisodes restés cachés.

La procédure durera plusieurs années, retardant ainsi la fermeture du Tribunal pour l