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Interview

«C’est la dernière bataille de Saleh, qui a perdu tous ses alliés»

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Pour Franck Mermier, chercheur au CNRS, la stratégie du président yéménite pour briser le front de l’opposition est quasi désespérée :
publié le 3 juin 2011 à 0h00

Franck Mermier, chercheur au CNRS, est spécialiste du Yémen, où il a dirigé le Centre français d'études yéménites de 1991 à 1997. Il est l'auteur du Yémen contemporain (Edition Karthala, 1999) et du Cheikh de la nuit (Ed. Sindbad, 1997).

Le Yémen est-il entré dans une guerre civile ?

Non, pas encore. Mais il y a clairement une tentative du président Ali Abdallah Saleh d’emmener le pays vers le chaos. Il a lancé les forces qui lui sont restées fidèles à l’assaut de deux adversaires bien identifiés. L’armée a en effet attaqué la résidence du cheikh Sadek al-Ahmar, qui est à la tête de la puissante confédération tribale des Hached, et le général Ali Mohsen al-Ahmar, qui a fait défection avec la première division. Ce sont des personnages controversés, qui ont soutenu le Président par le passé : Ali Mohsen, qui est accusé d’avoir fait fortune dans la contrebande d’alcool et le trafic de drogue avec l’Arabie Saoudite, était même le dauphin de Saleh avant 2004. Ce sont clairement des rivaux potentiels. En déclenchant ces combats, Ali Abdallah Saleh cherche à briser le mouvement de contestation pacifique pour le transformer en affrontements armés. Il veut aussi briser le front uni de l’opposition, qui constitue une menace très dangereuse pour lui. On y trouve aussi bien les jeunes, qui sont à la pointe des manifestations depuis janvier, que les partis politiques d’opposition, dont les islamistes, des rebelles houthistes du Nord et des militants de la cause sudiste. Cette coalition est très hétéroclite, les antag