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Libération
TRIBUNE

Pourquoi nous ne pensons pas qu’à l’affaire Strauss-Kahn

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publié le 3 juin 2011 à 0h00

On voudrait nous faire croire qu’on ne pense qu’à ça… Le premier «on», c’est ce qu’on nomme les médias, et c’est aussi la rumeur, le bavardage, le second, c’est le «on» de l’équivalence générale des individus de la foule anonyme et solidaire en solitude. On voudrait donc nous faire croire qu’on ne cesse pas de penser à ces affaires politico-sexuelles. Mais c’est faux ! Nous pensons à autre chose. Nous ne sommes ni toutes, ni tous, ni tout le temps dans le voyeurisme, ni dans le goût salace des détails fellatoires, fétichistes ou félons.

Il est facile de nous y convier, c’est-à-dire de nous traiter comme «on» pense qu’«on» est censé être puisqu’«on» sait bien que le sexe intéresse, excite, sollicite le plus caché et le plus complexe en nous. Mais le sexe est une chose, la violence sexuelle en est une autre, la politique une autre encore. Nous avons le droit - et les médias ont le devoir - de distinguer. De ne pas rabattre le sexe sur la sexualité, la sexualité sur le machisme minable et la violence ordinaire, celle-ci, enfin, sur la violence perverse ou déjantée.

Il est bon que des paroles se libèrent, comme on dit. Il est bon que les hommes ne se prennent pas pour des mâles. Beaucoup de cela est fort bon dans la direction du respect et de l’amour. Mais l’abus des positions d’autorité et de pouvoir ne s’exerce pas seulement dans l’ordre du sexe. Et il touche à bien d’autres aspects des rapports et des représentations dont nous sommes tissés. «On» pourrait aussi y penser.

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