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Libération
Portrait

Un dur à cuire qui a survécu à tout

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Saleh règne depuis 1978sur un pays pauvre et clanique.
publié le 4 juin 2011 à 0h00

Après Muammar al-Kadhafi, il est le plus ancien chef d’Etat arabe en exercice. C’est déjà une performance en soi mais, quand on sait que l’Etat en question est le Yémen, il s’agit carrément d’un exploit : ce pays clanique, violent, querelleur, qui compte plus de kalachnikovs que d’habitants, est rétif à toute autorité centrale, et tous les prédécesseurs du président Ali Abdallah Saleh ont fini assassinés. Pour se maintenir au pouvoir depuis 1978, soit trente-trois ans, il faut non seulement beaucoup de chance, mais aussi une bonne dose de brutalité et d’habileté politique.

Une fois de plus, Saleh, aujourd’hui âgé de 69 ans, a eu de la chance : il n’a été que légèrement blessé dans le bombardement de son palais, visé par un obus vraisemblablement tiré par les combattants du cheikh Sadek al-Ahmar, chef de la confédération tribale des Hached, ancien allié et désormais en guerre ouverte contre le président Saleh. Ce dernier appartient à la tribu des Sanhane, un petit clan rattaché aux Hached, et vient d’une famille modeste des hauts plateaux du Nord. Ses études s’arrêtent au collège.

Emir. A 16 ans, il rejoint l'armée et intègre, en 1960, l'Académie militaire du Yémen du Nord. Tandis que le Sud est à l'époque sous occupation britannique, le Nord est déchiré par une guerre civile entre républicains, appuyés par l'Egypte de Nasser, et partisans de l'émir, soutenus par l'Arabie Saoudite. Saleh se range côté républicain : bien que zaydite (une branche de l'islam chiit