«La tâche sera difficile, mais je travaillerai à unir le peuple péruvien sans aucun type de discrimination.» La formule pourrait paraître bien anodine dans la bouche d'un président nouvellement élu, pressé de se faire reconnaître par tout un peuple et pas seulement par la cohorte de ses électeurs. Mais dans son premier discours «officiel», prononcé à chaud devant quelques milliers de supporteurs réunis dimanche soir sur la plaza Dos de Mayo à Lima, Ollanta Humala, qui a remporté la présidentielle avec au moins 51,4% des suffrages contre son adversaire, Keiko Fujimori (droite), a fait mouche. Plébiscité dans le centre, le sud et les zones les plus reculées du pays, le «guerrier qui voit tout» - traduction de son nom d'origine aymara - s'est fait le chantre des populations indigènes, principales laissées pour compte de la croissance péruvienne des dix dernières années (une moyenne de 5% l'an).
Quechuas. Ollanta Moisès Humala Tasso, 48 ans, candidat nationaliste de gauche sous la bannière du mouvement Gana Perú (le Pérou gagne), a été propulsé au Palacio del Gobierno, l'Elysée local, par un petit peuple d'origine indienne, majoritaire au Pérou (45% de la population) mais traditionnellement écarté des rouages du pouvoir au profit des métis et des Blancs. Le Pérou est en effet divisé entre la côte et les Andes, les espaces économiquement développés autour de la capitale, Lima, et les hauts plateaux et l'Amazonie peuplés d'Indiens quechuas et ayma