Dans les camps palestiniens aussi, la colère gronde contre le pouvoir de Bachar al-Assad. Pour un régime qui, depuis l'accession du parti Baas au pouvoir, en 1963, a fait de la Palestine une cause «sacrée», c'est un terrible désaveu. La colère a éclaté lundi soir, alors que neuf jeunes habitants du camp de réfugiés de Yarmouk, près de Damas, étaient enterrés. Ils ont été tués, dimanche, alors qu'ils tentaient de franchir les barbelés de la frontière israélienne sur le plateau du Golan. Cette manifestation inédite, qui commémorait la Naksa (la défaite de 1967, qui a vu la Syrie perdre le Golan) était la deuxième, après celle marquant l'anniversaire de la Nakba (le départ forcé des Palestiniens en exil en 1948), le 15 mai.
Dimanche, 23 jeunes réfugiés palestiniens ont été tués par Tsahal, selon la télévision officielle syrienne. Israël estime ce bilan exagéré et impute 10 décès à des mines syriennes. Depuis la guerre de 1973, quasiment aucun incident n'était venu troubler la frontière. Nombreux sont ceux qui, parmi les 477 000 Palestiniens de Syrie (dont 130 000 vivent dans 9 camps, dont Yarmouk), estiment que ces incidents frontaliers sont une diversion, montée de toutes pièces par le régime syrien, confronté à une contestation sans précédent. Ils lui reprochent de n'avoir rien fait pour la cause palestinienne pendant des décennies, instrumentalisant l'état de guerre avec Israël pour justifier la dictature. On pouvait ainsi entendre dans les manifest