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Libération

Au Liban, des opposants «sur le qui-vive»

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Des militants ayant fui le pays auraient été «enlevés» par Damas sur le sol libanais.
publié le 8 juin 2011 à 0h00

Le regard constamment à l'affût, Modab parle toujours à voix basse jusqu'à se faire pratiquement inaudible lorsqu'il prononce le nom de Bachar al-Assad. Cet opposant a fui la Syrie depuis trois semaines mais, même dans ce café branché du centre-ville de Beyrouth, il a encore peur d'être épié par les «moukhabarat», les services de renseignements syriens. «Vous savez que nous ne sommes pas en sécurité au Liban, nous devons faire attention», explique-t-il, avant de filer comme une ombre vers un autre rendez-vous.

Le pays du Cèdre est un refuge par défaut : facilement accessible mais peu sûr. Sous tutelle syrienne jusqu'en 2005, il a été l'objet d'un étroit maillage sécuritaire de Damas pendant vingt-neuf ans. Les soldats sont partis mais pas les hommes de l'ombre. La Syrie compte aussi de nombreux alliés locaux, au premier rang desquels le Hezbollah, qui dirige l'actuelle majorité parlementaire. «Je suis constamment sur le qui-vive, confie un jeune opposant arrivé en janvier. Je n'ai aucune envie de disparaître

Fin février, un premier cas de «disparition suspecte» alerte les organisations de défense des droits de l'homme. Jassem Meri Jassem, ouvrier syrien, est arrêté à Beyrouth par les services de renseignements de l'armée alors qu'il distribue des tracts appelant à des manifestations pour une démocratisation du régime baasiste. Le 25 mai, il doit être relâché au poste de police de Baabda, près de la capitale, mais il disparaît. Ses deux frè