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Libération

La réplique diplomatique du séisme arabe

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publié le 8 juin 2011 à 0h00

Et tout en est changé. Alors même que le printemps arabe n’a encore fait tomber que deux dictateurs et que, du Maghreb au Machrek, tous les autres tentent de passer la vague à coup de balles ou de promesses de réforme, ce séisme a déjà modifié le paysage international.

Américains et Français, les plus présents des Occidentaux dans cette partie du monde, se sont si bien convaincus de l’irréversibilité de ce tournant qu’ils jouent désormais la démocratie contre le statu quo. Grande amie des anciens présidents égyptien et tunisien et en pleine phase de rapprochement avec les dirigeants syrien et libyen, la France a opéré du jour au lendemain un tête-à-queue diplomatique. Elle qui trouvait hier tant de vertus aux dictateurs arabes est soudain devenue le plus actif de leurs adversaires. C’est elle qui a bataillé au Conseil de sécurité pour arracher la résolution autorisant l’intervention en Libye contre le colonel Kadhafi. Elle n’a pas hésité, pour cela, à ouvrir un nouveau front avec l’Allemagne dont elle a pourtant tant besoin en Europe et à tordre le bras aux Etats-Unis en leur faisant comprendre qu’ils pourraient porter la responsabilité morale du massacre annoncé à Benghazi.

Au risque de perdre et de se retrouver seule, la France s’est mise en première ligne contre le régime libyen et, aujourd’hui, c’est elle qui non seulement porte cette intervention à bout de bras, mais se montre la plus dure contre le régime syrien qu’elle a fait sanctionner par l’Europe et tente de faire c