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Libération

A New York, le plumeau métier du monde

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Un mois après l’agression présumée de l’une d’entre elles, paroles de femmes de chambre.
publié le 9 juin 2011 à 0h00

Entrée de service de l'hôtel Warwick, hier. Lundi, elle a crié «Shame on you» («honte à vous») devant les caméras du monde entier lors de l'arrivée de DSK à la cour criminelle de Manhattan. L'indignation prend toujours Maria à la gorge, mais les mots finissent par sortir et claquent sur la 6e Avenue. «Nous travaillons dur pour élever nos familles, pas pour être des prostituées.» Le terme fait sursauter Ismenia et Alexis, femmes de chambre hispaniques, comme elle, dans ce glorieux palace des années 30 commissionné par le magnat William Randolph Hearst pour y loger ses amis hollywoodiens. On les avait croisées toutes les trois à la descente du bus affrété par Local 6, la branche du puissant syndicat des travailleurs de l'hôtellerie des clubs et bars à laquelle appartiennent 10 000 femmes de chambre.

Elles ont accepté de témoigner pendant leur pause déjeuner. Dans le bus, ce n'était pas des femmes déguisées en maids, mais bien des professionnelles comme le listing consulté au siège du syndicat l'atteste.

Fière. A 57 ans, Ismenia a pris un peu de galon, comme son élégant tailleur marine l'indique, mais Maria possède l'autorité des aînées. Au revers de son uniforme bleu clair à fines rayures blanches, elle porte un badge doré siglé «vingt ans de service». Trente-cinq heures par semaine, elle fait le ménage dans 14 des 359 chambres de cet établissement de 33 étages. «Work is work, sept heures par jour, de 8 h 30 à 1