Souhayr Belhassen est la présidente de la FIDH, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme. Elle revient avec ses équipes d'une mission d'observation en Côte-d'Ivoire. Elle décrit un pays où le sentiment d'insécurité est encore très fort et où les services régaliens de l'Etat sont «par terre».
Vous revenez d'une semaine sur le terrain, quelle est la situation à Abidjan?
Même si la vie dans la capitale a repris - vous pouvez aller par exemple dans les maquis le soir [ndlr: les restaurants-boîtes locaux] - ce qui interpelle est le sentiment d'insécurité. Dans Abobo - le quartier d'Abidjan qui a subi le plus de dégâts en février et qui a continué d'en subir après – nous avons vu des nouveaux charniers dans l'université. Et on ne sait pas quand ils ont été creusés ni par qui. Ce qu'on a vu est assez horrible, les charniers étaient dans le parc même de l'université, mais il y avait également des crânes et des ossements brûlés autour. L'université est tenue actuellement par les FRCI [Forces républicaines de Côte-d'Ivoire, pro-Ouattara, ndlr], eux-mêmes ne savent pas qui sont les personnes enterrées. Il est possible que ce soit les pro-Ouattara de l'époque.
Voit-on encore ailleurs dans la ville les traces de la guerre?
A Abidjan, on ne les voit plus. Bon, à Abobo, les bataillons traversent la rue et font des exercices. Je l’ai d'ailleurs dit au Premier mini