Moustache courte, regard tourné vers l’avenir et léger sourire aux lèvres, Recep Tayyip Erdogan trône en majesté sur toutes les affiches électorales de l’AKP (Parti de la justice et du développement), parti issu du mouvement islamiste au pouvoir depuis neuf ans en Turquie. Il ne s’agit pourtant pas d’élection présidentielle directe, ou du moins pas encore. Dimanche, les Turcs élisent leurs 550 députés et, pour la troisième fois consécutive, l’AKP devrait largement l’emporter dans un pays en plein boom économique (7,5% de croissance) qui s’affirme toujours plus comme une puissance émergente.
«La stabilité continuera et la Turquie sera plus grande», martèlent les spots de l'AKP que les sondages créditent de 45% à 48% des voix, ce qui devrait lui assurer une très large majorité dans le système électoral en vigueur. «La question n'est pas de savoir qui va gagner, car il n'y aura pas de surprise, mais de voir quelle sera la majorité dont disposera l'AKP pour changer la Constitution héritée du coup militaire de 1980», explique le politologue Soli Özel.
«Poutinisation». Le leader charismatique de l'AKP et Premier ministre sortant ne fait pas mystère de son désir d'étendre les pouvoirs du chef de l'Etat, voire d'instaurer en Turquie un système présidentiel. Et il compte bien occuper cette fonction après la première élection du Président au suffrage universel, prévue pour 2012 ou 2014. Une bonne partie de l'intelligentsia libérale et des milieux d'aff