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Pour mémoire

Erdogan, le nouveau sultan turc

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L’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir à Ankara, a emporté les élections législatives hier. Le Premier ministre, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles, va entamer son troisième mandat.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan sur une affiche électorale. (© AFP Bulent Kilic)
publié le 13 juin 2011 à 0h00
(mis à jour le 13 juin 2011 à 9h05)

C'était il y a un peu plus d'un an, le 23 avril 2010, jour de la fête des enfants instituée par Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République en 1923. Dans toute la Turquie ce jour-là, les charges des responsables les plus importants, gouverneurs, ministres, président de la République, sont, pour quelques instants, confiées à des élèves méritants. Dans l'austère bâtiment qui abrite les bureaux du Premier ministre à Kizilay, au centre d'Ankara, Recep Tayyip Erdogan donne son fauteuil à une écolière du primaire. «C'est toi maintenant qui as le pouvoir», lance le Premier ministre et leader du parti islamo-conservateur, au pouvoir depuis neuf ans. Puis il ajoute en souriant: «Si tu veux pendre tu pends, si tu veux couper tu coupes.» Une allusion à l'ancienne formule de déférence pour le sultan disposant du droit de vie et de mort sur ses sujets. Ses collaborateurs rient. Diffusée à la télévision, la scène scandalise en revanche tous ceux qui s'inquiètent des tendances autoritaires de l'ancien maire d'Istanbul.

«Mon» ministre, «mon» préfet.

Il ne s’agit certes que d’une boutade mais elle révèle aussi le rapport au pouvoir d’un Premier ministre reconduit hier pour la troisième fois consécutive dans ses fonctions. Recep Tayyip Erdogan a régulièrement annoncé que ce serait la dernière, au nom de la règle qu’il a lui-même instaurée dans le parti, limitant à trois mandats consécutifs les charges de députés.

Mais le chef charismatique de l'AKP, le