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grand angle

Fini la comédie

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Depuis seize ans, les habitants du Grand-Pressigny étaient les acteurs du festival estival de leur village tourangeau. Des notables les en ont dépossédés. Ils se sont rebellés.
publié le 13 juin 2011 à 0h00

Comme au Caire ou à Benghazi, les habitants du Grand-Pressigny, en Indre-et-Loire, ont dit «assez!». Assez d'être dépossédés par une poignée de notables. Assez d'une folie des grandeurs annonciatrice d'impôts à décollage vertical. On pourrait même appeler ça la «révolution des roses», la révolte ayant triomphé début mai, avec la liquidation, dans le bruit et la fureur, d'un événement créé par le peuple villageois, et capté par une toute petite élite locale.

Tout commence en 1995 avec les Fantômes du Grand-Pressigny, spectacle initié par le marionnettiste Dominique Houdard, le plasticien Jean-Jack Martin et le maire de l'époque. Il s'agit d'une mise en lumière du centre bourg (relooké à la manière de Jacques Tati) complétée par des animations, muettes, devant ou à l'intérieur des maisons. Les habitants du village (1 100 habitants), visages grimés en blanc, miment des scènes de la vie locale au début du XXe siècle, «histoire de transmettre le folklore aux jeunes générations», dit Jean-Jack Martin.

L'expérience se répète l'année suivante, et après trois ans, l'équipe en place donne les clés de l'aventure à un nouveau metteur en scène, José-Manuel Cano-Lopez. Le pouvoir lui est confié pour trois étés avec une mission convenue d'emblée : y mettre sa patte, faire vivre l'événement, et «ne pas aboutir à un appauvrissement de la création».

La population boude

Une association, Côté jardin, présidée par le docteur Alan Poquet, médecin du bourg, est alors créée