Les révoltes du printemps arabe et les défis des transitions démocratiques en Tunisie et en Egypte mettent sur le devant de la scène ce que nombre de diplomates appellent «le modèle turc». Bien que non arabe, c'est une nation musulmane structurée par une République laïque, pilier de l'Otan ayant entamé des négociations d'adhésion à l'Union européenne, puissance régionale par le dynamisme de son économie et l'activisme de sa diplomatie, la Turquie pourrait aider à accoucher des démocraties arabes aux standards occidentaux.
Martingale. Dans une enquête du think tank turc Tesev, menée l'été dernier dans sept pays arabes (Irak, Syrie, Liban, Jordanie, Egypte, Arabie saoudite, Palestine) ainsi qu'en Iran, 66 % des personnes interrogées estimaient que la Turquie représentait un mariage réussi entre islam et démocratie pouvant servir d'exemple. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, préfère parler de «source d'inspiration». Le concept de «modèle turc» est très flou. Pour certains, il se réfère à une transition vers la démocratie sous tutelle des militaires, comme l'évoquait par exemple l'administration américaine au début de la révolution égyptienne. D'autres pensent à l'exemple de l'AKP, le parti turc au pouvoir, martingale gagnante d'un islamisme politique new-look soluble dans la démocratie. «Les Turcs ont montré le chemin : on peut vivre sa religion et être ouvert à la modernité, bâtir la démocratie et avoir des convic