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Libération
TRIBUNE

Turquie : le côté obscur d’Erdogan

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publié le 14 juin 2011 à 0h00

Lors de la campagne électorale qui vient de s'achever, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a demandé au peuple un troisième mandat, prétendant qu'il était mieux placé que n'importe quel homme politique, qu'il soit de gauche, de droite ou du centre pour diriger le pays. Car il était devenu selon ses propres termes «maître» en la matière après neuf années au pouvoir (2002-2011). Son vœu a été exaucé par les urnes et son parti (l'AKP) vient d'obtenir, pour la troisième fois consécutive la majorité au Parlement et cela pour cinq ans. Un si long exercice du pouvoir use, mais ce n'est pas le cas d'Erdogan. Il reste toujours aussi populaire alors qu'il est entrain de devenir de plus en plus autoritaire. Issu d'un mouvement islamiste (Milli Görüs), il se disait «démocrate conservateur» au lendemain de sa première élection. Désormais il n'a pas besoin de qualificatif, il règne en maître et c'est tout.

Quand l'actuel et le futur Premier ministre Erdogan était condamné à quatre mois de prison ferme alors qu'il était maire d'Istanbul, j'étais parmi les rares démocrates républicains qui avaient protesté. Car je considérais qu'avoir déclamé «les minarets sont nos baïonnettes, les mosquées nos casernes et les croyants nos soldats» en se référant aux vers de Ziya Gökalp, fondateur du nationalisme turc, ne pouvait être un délit dans une démocratie. Or ce même Erdogan, une fois Premier ministre, n'a jamais manifesté la même solidarité à l'égard des écriva