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Les derniers de la favela

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Ludovic Carème a saisi les habitants d’un bidonville de São Paulo, avant sa destruction. Un travail exposé au festival de Sète.
publié le 15 juin 2011 à 0h00

Un cloaque de tôles et de planches mal assemblées. Agua Branca («Eau blanche») est une petite favela située dans le quartier de Lapa à São Paulo, à proximité de la rivière Tiete. Coincée entre le club de foot local et la Marginale Tiete, le plus grand axe routier de la ville, elle est vouée à être rasée pour que soit construite une bretelle d’autoroute.

Fin 2008, 1 500 personnes vivaient encore dans ces cabanes sur pilotis bâties au-dessus d’un vaste égout en plein air. Il n’en reste plus que 300 qui disputent l’espace aux rats et aux bulldozers. Comme un ultime pied de nez à cette misère cachée par un monticule de terre, une grande surface spécialisée dans les matériaux de construction s’est ouverte à un jet de pierre.

Deux ans durant, Ludovic Carème, un photographe français qui a choisi São Paulo comme cité d’adoption, s’est rendu à Agua Branca pour raconter en images la chronique humaine de cette communauté en voie de disparition. Certaines familles ont déjà eu des propositions de relogement dans de nouveaux quartiers souvent pires que le leur, à deux heures et demi de transport du centre-ville. D’autres se voient offrir une indemnité ridicule pour quitter leur baraque. La plupart sont allés la reconstruire de l’autre coté de la rivière, à Pirituba, une zone de non-droit.

Les familles qui hantent encore Agua Branca sont essentiellement composées de femmes seules qui élèvent comme elles le peuvent de nombreux enfants, eux-mêmes souvent parents. Des populations extrêmement fra